Alexandrins et anapestes
Phædra/Phèdre
édition bilingue de la pièce de Jean Racine
avec une nouvelle traduction anglaise en alexandrins rimés
Curieusement les vers alexandrins sont assez peu présents dans la littérature anglaise, alors qu'ils me semblaient se prêter volontiers à la musicalité de la langue. C'est dans cet esprit que j'ai abordé la traduction de Phèdre, en tâchant de traduire et le sens des mots, et la forme rythmique du texte.
Je me suis donc attelé à la composer comme une partition, en appliquant les mêmes règles que dans le texte de Racine, ou à défaut en trouvant des équivalents à ces règles.
Quelques exemples :
La répétition d’usage des vers de douze syllabes s'avérant vite monotone par rapport au texte original, j'ai choisi de respecter l'alternance des rimes masculines et féminines, avec des vers de douze syllabes pour les uns, et de treize syllabes - sans accent tonique sur le treizième - pour les autres.
Toujours dans un souci de cohérence avec le texte français, la césure à l'hémistiche s'est également très vite imposée dans le travail.
La traduction présentée ici est donc écrite en alexandrins rimés, que l'on peut également considérer comme une variante de tétramètres anapestiques, avec accents toniques sur les 3ème, 6ème, 9ème et 12ème syllabes de chaque vers :
Hippolytus
Theramenes, dear friend, / my departure is needed, (féminine)
And the length of my stay / here in Trœzen, exceeded. (féminine)
Overwhelmed as I am / by this terrible doubt, (masculine)
I regret having not / any sooner set out. (masculine)
Pour rendre homogène l’utilisation des diphtongues, je les ai traités comme les E muets de la versification française, c'est-à-dire une seule syllabe quand elles sont suivies par une voyelle :
Hippolytus…
But no monsters cut down / can I boast of today
Who permit me to fail / in a similar way.
... et comme une terminaison féminine quand elles sont suivies par une consonne, ou se situent en fin de vers :
Aricia
Dear Ismene, we leave, / prepare all without fail.
Theseus
What, my Lady, you start, / and your face has turned pale!
Parmi les pièces de Racine, Phèdre en est l’une des plus féminines dans sa structure, les premier et dernier couplets du texte étant des rimes féminines. Il me semble que ce choix de Racine était tout sauf anodin, voire bien plus qu'une subtilité, et je serais heureux si cette traduction rend cette nuance sensible à un public anglophone.
David Stanley Phillips, mai 2022.